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Nos accents : respecter les toponymes valdôtains

En avril 2024, l’Association Nos accents a été constituée formellement, mais elle était née comme Comité en juillet 2023, avec la finalité de vérifier comment les toponymes valdôtains sont représentés, voire respectés, sur la signalisation. Cette analyse (effectuée grâce à Google Street View) a produit une publication nommée Châtillon ou Chatillon : l’érosion de la toponymie de la Vallée d’Aoste dans les lieux publics (disponible en ligne sur le site de l’Association).

Le président Roland Martial, au cours de la conférence de présentation de ce livre, qui s’est tenue le mercredi 17 juillet 2024, a dit que la volonté n’est pas de se substituer aux experts de toponymie mais plutôt de créer des liens entre les responsables des différents organismes, afin que les toponymes officiels et corrects soient adoptés systématiquement.

« En Vallée d’Aoste, il y a très peu de parité entre le français et l’italien – a-t-il dit – : la plus grande partie des panneaux publics et privés sont en italien. Le bilinguisme qui existe dans la loi n’est pas respecté au niveau de l’affichage public. Le français n’est considéré comme langue maternelle que par une partie très réduite des Valdôtains. Toutefois, 57 % de la population se déclare patoisante, sauf que le francoprovençal et le walser sont encore plus en danger que le français et l’allemand, parce qu’il s’agit de langues qui ne sont pas protégées. »

L’érosion des langues minoritaires au profit de l’italien est importante et on peut le voir partout : la coexistence est de plus en plus difficile. « Si on allait perdre une partie de la toponymie valdôtaine, nous perdrions une partie de notre histoire et de notre culture, » a donc dénoncé Martial.

La Région autonome Vallée d’Aoste (par le biais du Bureau régional pour l’Ethnologie et la Linguistique) a effectué une étude sur les microtoponymes et en a recensé 16 700. Elle a ensuite demandé à chaque Commune d’en choisir et officialiser la quantité jugée adéquate. 53 communes sur 74 ont accueilli cette invitation (tout le monde se rappelle de ce qui est arrivé avec le choix de la commune de Valtournenche d’indiquer Breuil au lieu de Cervinia). « Alors il est clair que les toponymes qui ne restent que sur le papier vont mourir : il faut que les panneaux soient corrects, de façon que la cartographie les reproduise. Nous avons commencé à le faire en demandant à Google de modifier une centaine de graphies, » a dit encore Martial.

Au moins 270 panneaux devraient être modifiés sur les routes valdôtaines puisqu’ils sont difformes. 70 appartiennent à l’Anas, 51 à la Région et 149 aux Communes. 185 présentent des difformités qui concernent le nom des communes. 101 noms de hameau sont écrits de façon incorrecte. Les autres présentent des fautes d’orthographe. La situation sur l’autoroute semble meilleure, avec un petit nombre de fautes.

La conclusion est que la préservation de ce patrimoine culturel immatériel est une responsabilité régionale et une prise de conscience est donc nécessaire, afin que les toponymes soient harmonisés.

Dans le futur, l’Association Nos accents voudrait faire une analyse encore plus approfondie et réaliser une publication annuelle sur l’état de la toponymie dans chaque commune valdôtaine, en mettant les résultats à la disposition des Communes pour qu’elles puissent intervenir. La première édition devrait être présentée en septembre 2024. Elle voudrait aussi sensibiliser le public par une série de conférences sur le territoire, afin que le dialogue soit ouvert à tout niveau. Encore, établir des liens de partenariat avec les Communes pour faire en sorte qu’il y ait un suivi. Enfin, l’Association juge qu’un guide de style est absolument nécessaire.

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